RFI – Questions d’environnement du 24 janvier 2024, « Europe: l’ONU dénonce la répression contre les militants du climat »
– Animatrice : Assiste-t-on en Europe à un durcissement du traitement réservé aux défenseurs du climat et de l‘environnement, c’est la question du jour avec vous Stéphanie Schüler, bonjour
– Stéphanie Schüler : bonjour
– Animatrice : Et si on en parle ce matin, c’est parce que le rapporteur de l’ONU sur la situation des défenseurs de l’environnement tire la sonnette d’alarme.
– Stéphanie Schüler : Oui, Michel Forst a envoyé ce lundi une lettre au gouvernement de Londres. Lettre dans laquelle il se dit gravement préoccupé par ce qu’il qualifie de répression sévère des manifestants en faveur de l’environnement et du climat, en Grande-Bretagne, pays qu’il a visité au début du mois.
– Michel Forst : Un militant pacifique pour le climat qui a participé à une marche lente – c’est-à-dire qui a essayé de bloquer le trafic pendant trente minutes – il a été condamné à six mois de prison et ce qui est assez préoccupant, c’est le fait que depuis 1930 en Grande-Bretagne on n’a jamais connu de condamnation aussi sévère pour un acte de manifestation. Autre exemple : on voit des juges qui président une formation de jugements interdire aux défenseurs de l’environnement de simplement dire le mot « climat » ou d’expliquer les raisons pour lesquelles ils ont décidé d’utiliser cette forme de manifestation. On a également des informations très préoccupantes de la part de militants qui nous parlent de la libération sous caution, c’est-à-dire qu’ils sont bloqués avec un bracelet électronique pendant de longues heures, parfois jusqu’à deux ans, en attendant la date de leur procès pénal. Et puis, dernier point peut-être pour donner un peu la tonalité, il est frappant de voir qu’en Grande-Bretagne, on voit des ministres, des membres du Parlement essayer de
ridiculiser les militants du climat, une manière d’exposer les militants à une forme de répression, et parfois aussi interdire aux militants de continuer leur action.
– Stéphanie Schüler : Alors cette répression contre des activistes qui militent pour la fin des énergies fossiles ou pour la décroissance s’inscrit dans un cadre légal qui s’est considérablement durci en 2022 et 2023, le Parlement britannique a adopté des lois draconiennes en ce sens, dénonce Michel Forst.
– Animatrice : Et force est de constater Stéphanie que la Grande-Bretagne n’est pas le seul pays à sévir contre les militants écologistes.
– Stéphanie Schüler : En effet, ne serait-ce qu’au niveau européen, la situation est préoccupante estime le rapporteur de l’ONU.
– Michel Forst : En France comme en Allemagne, en Suisse, en Italie, en Espagne, au Portugal, au Danemark et ailleurs, on voit également à quel point la répression contre les militants du climat augmente et le sentiment qu’on a, c’est que les États se copient les uns les autres, copient les mauvaises pratiques sur le plan policier, sur le plan judiciaire. Et c’est un sujet de préoccupation majeure pour les Nations unies qui voient effectivement progressivement s’éroder la liberté de manifestation en Europe. Le droit de manifester est réglementé par le droit international des droits humains, des droits de l’homme et mon inquiétude c’est de voir que dans quelques pays en
fait, on érode progressivement le poids du droit international sur les décisions qui sont prises par les tribunaux.
– Stéphanie Schüler : Et Michel Forst de conclure : « Alors que le monde est confronté à une triple crise avec le changement climatique, la perte de biodiversité et la pollution, les défenseurs de l’environnement agissent pour le bien de tous et doivent être protégés. »
– Animatrice : Et à noter qu’en 2022 ce sont 177 défenseurs de l’environnement qui ont été assassinés dans le monde, ça fait un tous les deux jours. Merci Stéphanie Schüler d’avoir été avec nous pour cette question d’environnement.