RFI – Chronique Senteurs et couleurs, jardins d’ici et d’ailleurs du 16 juillet 2022, « Le parc Boujaâfar de Sousse en Tunisie »
Lilia Blaise : Dès l’entrée du parc de Boujaâfar, à Sousse, le calme contraste avec le bruit des voitures et de la plage de la corniche à quelques mètres. Adel Hidar, architecte du projet de réhabilitation, a voulu lui redonner sa fonction d’un lieu déambulatoire, lien entre la ville et la mer.
Adel Hidar : Durant la période coloniale, ça a été le prolongement de l’axe de l’avenue Habib Bourguiba donc, l’avenue principale de la ville et c’était un petit peu la rencontre de cette avenue qui, bien sûr, démarre au niveau de la Médina, donc [mot arabe] et se prolonge jusqu’à la plage Boujaâfar. Donc, c’était un petit peu cette terminaison urbaine durant la période coloniale qui aujourd’hui, avec l’expansion urbaine, occupe un espace vraiment central. Donc, quand on dit que c’est le parc du centre-ville par excellence, aujourd’hui, il a justement l’obligation de jouer ce rôle.
Lilia Blaise : Comment il a été perçu au fil des années par les habitants, ce parc ?
Adel Hidar : Alors, au fil des années, en fait il a vécu plusieurs transformations. Petit à petit, les constructions se sont aussi élevées progressivement, ce qui a fait qu’à l’intérieur du parc, on n’avait plus ce sentiment de cocon et de bien-être.
Lilia Blaise : Retrouver un cocon de verdure à l’ombre des gommiers dont les racines s’étendent dans le jardin du parc, mais aussi la nostalgie de moments familiaux pour beaucoup d’habitants qui y ont passé leur enfance comme Sarra Karoui, maire adjointe.
Sarra Karoui : Nous, on venait jouer, on venait même lire et c’était un espace familial.
Lilia Blaise : Au centre du parc, une pergola offre des jeux d’ombres et de lumières. Les éléments art déco d’origine ont été restaurés et dans le bassin, la statue de deux enfants a été offerte par un juif tunisien de la ville en hommage à la communauté qui vivait dans le quartier, comme en témoigne la synagogue adjacente au parc.
Sarra Karoui : Le parc témoigne de cette tolérance, Sousse est symbolique. Il y avait une communauté aussi d’Italiens, pas seulement de juifs, d’Italiens chrétiens. Donc, Sousse a toujours été cosmopolite.
Lilia Blaise : Une ville cosmopolite, mais aujourd’hui victime de la dégradation de son centre-ville, à l’image des hôtels désaffectés le long de la corniche. Le parc attire les jeunes, grâce à un amphithéâtre en plein air et la proximité de l’Institut des Beaux-Arts, mais aussi les familles, comme Hanen, qui s’y repose avec ses quatre enfants.
Hanen [voix de la traductrice] : Le parc est propre, ça fait vraiment plaisir d’avoir un tel lieu en ville, surtout pour les familles.
Lilia Blaise : Dans le prolongement de la rénovation du parc, la municipalité espère piétonniser une partie de la corniche pour rendre à la ville un nouveau souffle et préserver ce patrimoine symbolique. Lilia Blaise, Sousse, RFI.