RFI – Chronique 8 milliards de voisins du 23 février 2021 « Comment le jean est devenu populaire? »
Journaliste : Yves Saint-Laurent, au début des années 80, disait : « je n’ai qu’un regret, celui de ne pas avoir inventé le jean ». Alors, finalement, qui a vraiment inventé le vêtement qu’on porte tous aujourd’hui ?
Sophie Lemahieu : Alors, on a une toile qui existe qui s’appelle « jean » qui euh, dont on pense que le nom vient de la ville de Gênes, en Italie. Donc ce serait une contraction : « toile de Gênes » aurait donnée « jean » en anglais en fait au départ. On a aussi une toile qu’on appelle « denim » qui vient, elle, de la ville de Nîmes en France, cette fois-ci…
Journaliste : Dans le sud de la France, oui.
Sophie Lemahieu : Ces deux tissus, au départ, n’étaient pas composés comme aujourd’hui de coton, donc comme on connaît notre jean, mais ils ont fini par… les appellations ont fini par se rejoindre. Au départ, c’est un tissu qu’on va plutôt utiliser pour faire des sacs très résistants, pour faire des voiles de bateaux même,
ce type d’utilisations. Finalement, il va passer dans le vêtement au milieu du XIXe siècle, même vers la fin du XIXe siècle, avec Levi-Strauss qu’on connaît encore aujourd’hui, qui s’installe sur la côte ouest des États-Unis dans les années 1850 et qui vend ce type de bâches justement en jean pour les chercheurs d’or, d’où le fait
qu’on retrouve des jeans dans les mines d’or. Ce qui va se passer, c’est qu’il vend ces bâches, mais il se rend compte que ce dont ces chercheurs et ce dont les ouvriers du coin ont besoin ce sont des vêtements vraiment solides. Et il va transformer ces toiles en pantalons, en « overall » en fait, des sortes de salopettes avec cette bâche. Ce qui va vraiment faire la différence, c’est qu’en 1873, il va s’associer avec un tailleur qui s’appelle Jakob Davis, qui va lui proposer de mettre des rivets pour fixer les poches et la braguette, plutôt que de simples coutures. Et ces petits rivets en cuivre vont vraiment permettre à ce pantalon de devenir très résistant.
Journaliste : La braguette, mais avant il y avait les boutons aussi.
Sophie Lemahieu : Oui, c’est une braguette à boutons à ce moment-là, exactement comme sur le Levis 501 encore aujourd’hui d’ailleurs.