RFI – Reportage France du 8 août 2019 «Le château de Guédelon »
(Fond sonore : bruits de marteaux)
Journaliste : Ce bruit incessant des tailleurs de pierre rythme les journées de travail à Guédelon. Les forgerons, teinturiers, bûcherons, charpentiers, tuiliers, cordiers, carriers fabriquent à la vue des visiteurs et leur explique la technique des bâtisseurs de l’époque de Philippe Auguste. Un exercice qu’apprécie Tundra, tailleur de pierre.
Tundra: Partager avec les visiteurs, partager avec les enfants, les touristes, heu, montrer, heu, ce qu’on fait, que ça existe encore. Ici on peut prendre le temps de l’expliquer aux bâtisseurs, les bénévoles ; c’est un rythme complètement différent avec les entreprises contemporaines.
Journaliste : Maryline Martin est l’une des initiatrices de ce projet fou, elle raconte comment a germé l’idée de Guédelon.
Maryline Martin : On avait rendez-vous entre copains avec le propriétaire du château de Saint-Fargeau et deux spécialistes des châteaux, des castellologues, nous rendaient une étude sur le Saint-Fargeau, le château d’Anne-Marie de Montpensier, la cousine de Louis XIV et c’est un château de briques et quand on soulève intellectuellement ce château de brique, on a un château du 13ème siècle, et là, en chœur, on s’est dit : « Si on construisait Saint-Fargeau englouti ? ». On a trouvé un terrain, l’argent pour démarrer cette aventure et, heu, voilà, le dossier était bouclé en six mois et on ouvrait un an après au public.
Journaliste : Pour acheter le terrain, le projet a reçu les soutiens de fondations privées, comme EDF ou comme Canal+, et pour la formation des salariés, des aides publiques et européennes. Mais très rapidement, le chantier est devenu rentable.
Maryline Martin : C’est un délire qui s’autofinance, c’est aussi le délire de trois cent mille visiteurs qui participent à cette aventure en venant visiter le chantier, c’est soixante mille enfants dans le cadre de visites scolaires donc qui viennent à la journée faire des ateliers de géométrie, ateliers de taille de pierre, etc…, donc il y a le côté très pédagogique et puis, de l’autre côté, y’a heu, la boutique, les restos, oui c’est une grosse machine, oui.
(Fond sonore- Florian Renucci : On est en 1250, donc on ne peut pas ne pas faire une chapelle gothique.)
Journaliste : Aujourd’hui, Guédelon emploie une centaine de salariés et forme des bénévoles, Florian Renucci, maître d’œuvre :
Florian Renucci : En fait, on a appris ensemble toutes les astuces techniques, heu, c’est une histoire, heu, de trouvailles collectives qu’on met en commun et on a toutes les semaines des bâtisseurs comme des stagiaires, qui viennent passer un temps de congé sur le chantier ; on leur transmet ces savoir-faire-là, ils travaillent avec nous.
Journaliste : Anna, en vacances chez ses grands-parents, est fascinée par ce qu’elle voit.
Anna : Tous les instruments de l’époque, vraiment, qu’il utilise sous nos yeux, alors le château, il est vraiment fait de A à Z, c’est incroyable (rires). Oui, c’est impressionnant.
Journaliste : Piqués par l’aventure, les visiteurs sont nombreux à revenir pour suivre l’avancée des travaux et tous attendent impatiemment que le château soit enfin terminé.