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CCI Paris Ile de France

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Publié le 27 mai 2021

À l’université de David Letterman, je ne pouvais que choisir de former mes étudiants au français des médias

Entretien avec Marie-Line BRUNET, lauréate 2021 du Diplôme de Didactique du Français sur Objectifs Spécifiques (DDIFOS).

Docteure en Études françaises, Marie-Line Brunet est enseignante-chercheuse spécialiste de la Littérature et du Cinéma francophones contemporains à la Ball State University de l’Indiana. Ses activités de recherche concernent, entre autre, l’influence du cinéma sur l’écriture narrative et le cinéma de banlieue.

Elle nous présente son projet pédagogique : « Former au français les étudiants en télécommunications et médias de l’Université de Ball State ».

Comment êtes-vous arrivée à l’apprentissage du français professionnel ?

En France, j’ai suivi un parcours académique pour enseigner l’anglais. Ensuite, j’ai passé une année en tant qu’assistante de français dans une école de Harrogate, en Angleterre : cela a été un véritable déclic pour moi qui m’a fait comprendre que je souhaitais me dédier à l’enseignement du français plutôt que de l’anglais.

Lorsque je suis arrivée à la Ball State University, on m’a donné la responsabilité d’un cours de français des affaires : j’ai trouvé que ce cours était éminemment théorique, j’ai donc décidé de redessiner la matrice du cours afin d’adopter une approche plus actionnelle.

Quelles sont les spécificités de votre projet ?

Une des grandes forces de la Ball State University est son programme audiovisuel, très renommé dans le pays car il a été suivi par une  figure de proue de la télévision américaine, David Letterman.

J’ai choisi le français pour les métiers des médias car un grand nombre de nos étudiants choisissent cette spécialisation. Je voulais que mon projet réponde à un besoin réel des étudiants et qu’il mette également en valeur un domaine d’excellence de la BSU.

La formation que j’ai conçue vise à couvrir les tâches de pré-production, production et post-production que les étudiants accomplissent en tant qu’assistant réalisateur et réalisateur.

Cela inclut, entre autre, la préparation des feuilles d’appel, le repérage des lieux de tournage, l’établissement d’un budget, la rédaction d’un scénarimage (story-board) plan par plan et le placement des participants – le tout en français.

Quels sont les avantages de maitriser le français professionnel pour vos étudiants ?

Il s’agit d’une valeur ajoutée leur permettant de rendre leur parcours unique aux yeux des recruteurs. Lors de la recherche d’un stage, le fait d’avoir suivi des cours de français généralistes est très intéressant, mais cela ne va pas les aider dans leur domaine de compétence.

À terme,  l’intérêt pour nos étudiants est aussi de pouvoir passer un Diplôme de français professionnel pour qu’ils puissent le rajouter à leur CV. L’idée est de pouvoir leur offrir quelque chose de tangible.

Comment s’illustre le français professionnel aux États-Unis ?

L’enseignement du français professionnel prend une place grandissante dans les départements de langues à travers les États-Unis. Actuellement, il y  a de plus en plus d’universités qui proposent des cours de français à visée professionnelle.

Les cours généraux sont très importants car l’un des buts de l’université est de développer l’esprit critique de l’étudiant, mais nous avons également besoin que les étudiants soient formés à une réalité concrète qui est celle du monde du travail.

En ce qui concerne l’Indiana, le français est la troisième langue la plus demandée par les entreprises internationales. En outre, 49 entreprises françaises sont présentes dans l’État (Saint-Gobain, Veolia, Valeo, Faurecia, Hachette, Bolloré, Axa, Michelin ou encore Transdev), ce qui rend la maîtrise du français professionnel très importante.  

Et l’audiovisuel français ?

Il y a toujours un prestige du cinéma français à travers le monde en raison de sa qualité, ce qui représente une chance incroyable pour le rayonnement de la culture française et francophone à l’international.

Aux États-Unis, l’admiration vis-à-vis de cette forme d’expression artistique est très forte car le cinéma français propose une vision autre que celle hollywoodienne : les thématiques traitées ainsi que les techniques de réalisation sont très différentes.

Il existe un certain nombre de festivals qui s’intéressent au cinéma français, comme le Festival du cinéma francophone de Caroline du Nord ou le Rendez-Vous with French Cinema in New York dans l’État de New York. Personnellement, j’organise régulièrement, avec le soutien des bourses de la fondation FACE, des projections sur le campus ouvertes à tous, aussi bien à la communauté universitaire qu’à la population locale.

Cela permet de créer un échange, une communauté francophile, mais donne aussi la possibilité aux hoosiers (les habitants de l’Indiana, ndlr) de regarder des films auxquels ils auraient difficilement accès dans cette partie du pays.

 

~ Propos recueillis par Pompeo Coppola

 


Dossier DDIFOS tutoré par Amandine DIOGO

Titre du dossier

Former au français les étudiants en télécommunications et médias de l’Université de Ball State

Domaine

Audiovisuel

Secteur Cinéma
Métier(s) concerné(s) Assistant réalisateur ; chargé de production vidéo ; chargé de production
Objectif général de la formation envisagée

Être capable de réaliser en français les tâches professionnelles suivantes :

  • – Organiser et planifier la logistique durant le tournage (hébergement, transport, repas, équipes techniques)
  • – Demander les autorisations auprès des autorités compétentes
  • – Diriger les différents intervenants
  • – Assurer la bonne marche du plateau de tournage
  • – Évaluer les coûts et négocier avec les fournisseurs
Public Étudiants en 2ème ; 3ème ou 4ème année de français qui suivent en parallèle une formation en télécommunication et médias.
Niveau d’entrée B1/B2
Durée totale de la formation envisagée 37,5 heures dont 7,5 heures de formation FOS axées sur les tâches professionnelles des médias et de la télécommunication.