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CCI Paris Ile de France

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Publié le 10 octobre 2018

Former au français militaire un bataillon d’une mission de maintien de la paix

Former au français militaireEntretien avec Mme Ragini Mehta, lauréate 2018 du DDIFOS

Mme Ragini MEHTA est professeure de Français Langue Étrangère à l’Alliance Française de Delhi en Inde depuis presque 30 ans. Elle enseigne également le français dans des entreprises et est l’auteure d’un livre de gestion nommé Collaboration.

Récemment diplômée du DDIFOS, Mme Mehta a accepté de répondre à nos questions pour présenter son projet pédagogique : « Formation langagière d’un bataillon militaire sur mission de maintien de la paix ».

Quel est le point de départ de votre formation DDIFOS?

Il y a 6-7 ans, nous avons reçu pour la première fois un groupe de militaires indiens qui étaient en mission de maintien de la paix au Congo sous l’égide de l’ONU. J’avais 22 jours pour faire une formation vraiment basique afin qu’ils puissent se débrouiller dans un pays francophone.

Au même moment, mon directeur de l’époque, M. Meunier, nous a proposé la formation DDIFOS. Je venais de faire un cours avec les militaires, j’ai donc choisi le même projet.

Pouvez-vous nous parler de votre projet et des spécificités du français dans un contexte militaire ?

Former au français militaireIl y avait plusieurs facteurs à prendre compte. Tout d’abord, certain des élèves étaient hindiphones et ne comprenaient pas l’anglais qui comporte des mots transparents avec le français.

De plus, ils ne connaissaient pas exactement leurs missions une fois sur place.

J’ai donc préparé un questionnaire pour connaître leurs niveaux scolaire, étant donné qu’il y avait des soldats et des officiers, et pour essayer de cerner les tâches qu’ils seraient amenés à accomplir. 

Grâce aux réponses recueillies, j’ai identifié trois tâches principales de communication :

    1. Communiquer avec la hiérarchie : il s’agit  principalement de transmettre un message, donc grammaticalement c’est un discours rapporté. Mais ils n’ont pas le temps d’apprendre toute la conjugaison, donc tout est au présent. Il leur suffit d’ajouter un marqueur temporel par exemple « hier » pour être compris. 
    2. Communiquer avec leurs camarades francophones et la population locale. Par exemple pour vérifier l’identité de quelqu’un, il faut donc connaitre et demander la nationalité, le nom, le prénom …
    3. De plus, nous avons bien évidemment appris les bases du vocabulaire militaire : « soldat », « régiment », « commandant », le nom des armes, etc.

A quel niveau prépariez-vous vos élèves ?

Un demi A1 si je peux dire parce qu’il fallait seulement qu’ils arrivent à se débrouiller. Je ne pouvais pas insister sur la grammaire et l’écrit.

Il m’a fallu tout de même faire de l’écrit parce que nous, les Indiens, sommes habitués dès notre plus jeune âge à écrire et si on n’écrit pas, on a le sentiment qu’on n’a rien appris. Ce sont également des soldats qui travaillent toute la journée et qui viennent le soir pour prendre des cours. Ils n’ont pas beaucoup de temps pour réviser, l’écrit les aide à mémoriser.

Que retiendrez-vous de votre formation ?

J’avais déjà fait un cours quand j’ai commencé la formation iFos, donc ce sont surtout les volets didactiques et pédagogiques qui m’ont été utiles.

Les volets didactiques m’ont permis de théoriser tout ce que j’avais mis en place auparavant. J’ai pu comprendre les lacunes et les difficultés que j’avais rencontrées.

Les cours pédagogiques m’ont quant à eux permis de mettre en place un programme bien organisé et plus clair. Désormais, je sais quelles sont les démarches à suivre avant de commencer, le déroulement d’un cours, comment évaluer etc.

A une personne qui hésite à préparer un DDIFOS, je lui conseillerai de le faire. Cela va lui donner des outils pour comprendre et s’organiser et l’aidera beaucoup pour ses cours.