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CCI Paris Ile de France

Ils font vivre le français professionnel

Publié le 3 juillet 2024

Former en français de futurs bibliothécaires, archivistes et documentalistes

Entretien avec Teresa Atieno Otieno, professeure en français des sciences de l’information au Kenya

Teresa Atieno Otieno, franco-kenyane, est actuellement professeure de FLE à l’Université Technique du Kenya, spécialisée dans l’enseignement du français des sciences de l’information.

Lauréate du DDIFOS en 2024, elle nous présente son projet : Former en français de futurs bibliothécaires, archivistes et documentalistes kenyans.

 

Quel a été votre parcours avant de devenir professeur à l’université ?

J’ai été plusieurs années professeure de français langue étrangère (FLE) au Kenya, avant de poursuivre mes études en France.

J’ai obtenu un doctorat en linguistique à l’université de Bordeaux. Ensuite, j’ai travaillé comme consultante pour les Nations Unies.

Depuis 2013, je suis professeure de FLE spécialisée dans le FOS Sciences de l’information à l’Université Technique du Kenya.

Qu’est-ce qui vous a motivée à travailler sur la didactique du français sur objectifs spécifiques (FOS) ?

Le soutien de l’ambassade de France et les formations reçues m’ont orientée vers le FOS. J’ai constaté qu’il n’existait pas de programme pour le français des sciences de l’information au Kenya, ce qui m’a motivée à créer un programme adapté.

Quelle est la place du français au Kenya ?

Le Kenya est un pays d’Afrique de l’Est. C’est l’un des pays anglophones qui a vraiment embrassé la langue française en Afrique.

Aujourd’hui, il y a un certain nombre d’institutions / d’établissements, d’organisations francophones ou d’organisations internationales dont le français est l’une des langues officielles et qui ont leur siège à Nairobi.

On peut citer l’IFRA (l’Institut Français de Recherche en Afrique), le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD), l’Institut français de recherche pour le développement durable (IRD), mais aussi l’Ambassade de France au Kenya ou encore l’Alliance Française (existe dans 3 villes du Kenya, c’est-à-dire à Nairobi la capitale du Kenya, à Mombasa et à Eldoret).

C’est aussi très important de mentionner que l’Alliance Française de Nairobi est parmi les plus grandes Alliances françaises d’Afrique avec à peu près de 10.000 étudiants dans l’année, ce qui témoigne donc l’importance du français au Kenya.

Enfin, Nairobi abrite les sièges de plusieurs organisations internationales, parmi lesquelles les Nations-Unies : le PNUE (Programme des Nations Unies pour l’Environnent), le PDNU (Programme de Développement des Nations Unies), … Il existe également les multinationales telles que Total, pour lesquelles le bilinguisme est statutaire.

Quelle est l’importance de la maîtrise du français pour vos étudiants dans le domaine des sciences de l’information ?

La maîtrise du français est cruciale dans ce domaine. La plupart des institutions/établissements francophones que j’ai cités disposent de bibliothèques, de médiathèques, de centres de documentation, de centres de ressources, de matériel français et sont souvent fréquentés par des chercheurs francophones et par des étudiants apprenant la langue française au Kenya.

Enfin, le Kenya est un pays multilingue, les bibliothécaires, archivistes etc doivent être capables de travailler avec des usagers dans différentes langues.

L’Université Technique du Kenya est la seule université du pays à enseigner le français aux étudiants qui suivent les cours de gestion de l’information et des connaissances, d’où l’importance de concevoir un programme pour préparer ces étudiants avant qu’ils ne partent pour leur stage dans ces institutions / établissements.

Pouvez-vous nous présenter votre projet pédagogique ?

Mon projet a pour objectif de former en français de futurs bibliothécaires / archivistes / documentalistes kenyans (les étudiants en Sciences de l’information de l’Université Technique du Kenya) à effectuer leur stage à la Médiathèque de l’Alliance Française de Nairobi.

La durée totale de formation envisagée est de 35h pour un niveau d’entrée des étudiants fixé au niveau A2.

Les tâches professionnelles que les étudiants doivent être capables de réaliser sont les suivantes :
– Accueillir les lecteurs (écoliers, étudiants, … tout public)
– Animer des visites guidées de la médiathèque
– Expliquer le fonctionnement de la plateforme culturethèque
– Guider et conseiller les lecteurs dans leur recherche de documents
– Gérer des emprunts et des retours de documents
– Rédiger un rapport court sur les nouveaux documents

J’ai choisi de faire mon projet sur l’Alliance Française de Nairobi, mais les apprenants formés peuvent effectuer ces tâches dans n’importe quelle autre institution.

Quels défis avez-vous rencontrés et comment les avez-vous surmontés ?

Le principal défi était de motiver les étudiants, beaucoup choisissant le français par défaut. Pour les intéresser, j’ai organisé des visites à la médiathèque et utilisé des contextes pratiques.

Cela a porté ses fruits, les étudiants trouvant des stages intéressants et reconnaissant l’importance du français dans leur domaine.

Quel impact espérez-vous de cette formation sur vos étudiants et les institutions ?

J’espère que cette formation améliorera le niveau de service des institutions en facilitant une meilleure communication en français.

Cela ouvrira également des opportunités professionnelles pour les étudiants dans des entreprises françaises au Kenya et leur permettra de découvrir pleinement les richesses et les opportunités de la langue françaises, car oui : le français est une langue d’opportunité !